Qu'est ce que la viscosupplémentation ?
Il s’agit d’injection d’acide hyaluronique (AH) dans une articulation souffrant d’arthrose.
Avant toute chose, il faut savoir que l’acide hyaluronique n’est pas une molécule inventée de toute pièce dans une éprouvette de laboratoire. C’est une molécule que notre organisme fabrique et que nous avons copié afin d’utiliser ses remarquables propriétés pour combattre l’arthrose.
En effet dans une articulation saine, l’acide hyaluronique a pour rôle de retenir l’eau grâce à ses propriétés hygroscopiques. C’est une véritable éponge qui va d’une part faciliter la lubrification du cartilage qui recouvre les surfaces articulaires (ce cartilage est le premier élément à être touché dans l’arthrose) et donc permettre une mobilité optimale de l’articulation et d’autre part, il va servir d’amortisseur et donc ralentir la dégradation de l’articulation lors des microtraumatismes répétée dans la vie courante et dans le sport.
Au-delà de cet effet mécanique, on pense que l’acide hyaluronique intervient dans la fabrication et le renouvellement du cartilage.
Quand utiliser la viscosupplémentation ?
Les articulations des membres porteurs subissent des contraintes plus importantes et sont donc plus rapidement touchées par l’arthrose. Le genou et la hanche sont les deux articulations qui bénéficient le plus souvent d’une visco-supplémentation. Pour le genou, l’injection se fait au cabinet sous contrôle échographique si nécessaire, pour la hanche, l’injection se fait sous scanner dans un service de radiologie.
Les autres articulations concernées sont la cheville, plus rarement l’épaule, les doigts. Toutes ces injections peuvent se faire au cabinet sous contrôle échographique.
Le protocole de soin
Deux protocoles sont possibles : soit une série de trois injections à une semaine d’intervalle, soit une seule injection. Il s’agit toujours d’acide hyaluronique dans les deux protocoles mais celui-ci a des caractéristiques différentes. Actuellement, on considère que l’efficacité des deux protocoles est équivalente.
Je ne fais que de la mono-injection : le risque infectieux liés à toute injection est divisé par trois, le patient au pire, ne souffrira qu’une fois et le coût du protocole est moindre pour le patient. Il faut savoir en effet que la visco-supplémention n’est pas prise en charge par la Sécurité Sociale.
En pratique, il ne faut pas attendre d’amélioration dans le mois qui suit l’injection d’acide hyaluronique. Puis vous sentirez progressivement votre articulation s’assouplir et la douleur diminuer.
J’insiste sur le fait que l’acide hyaluronique ne reconstitue pas le cartilage, il faudra ménager votre articulation qui restera malheureusement fragile.
Par ailleurs, le résultat n’est pas définitif et il faut donc renouveler cette visco-supplémentation. Actuellement on préfère éviter de renouveler systématiquement l’injection tous les ans, on attend plutôt la réactivation douloureuse.
Une technique à associer
De plus en plus de médecins conseillent d’associer l’injection d’acide hyaluronique à celle du PRP car leur action respective est très synergique : l’acide hyaluronique « lubrifie » l’articulation tandis que le PRP essaie de relancer les processus de régénération du tissulaire (voir plus loin). Certains praticiens injectent AH et PRP lors d’une même séance, d’autre sur deux séances espacées d’une à 3 semaines.
Les précautions de traitement
Les incidents ou accidents sont rarissimes. Les deux principaux sont :
- le risque infectieux comme pour toute injection intra-articulaire.
- Le risque allergique dû non pas à l’acide hyaluronique mais aux autres éléments nécessaires pour sa fabrication comme pour tout médicament. On parle d’arthrite chimique avec une douleur réactivée pendant une semaine. Il n’y a pas de séquelles par la suite.
Il ne faut pas confondre visco-supplémentation et infiltration. Dans le premier cas, seul est injecté de l’acide hyaluronique. Dans le deuxième cas on injecte des dérivés de la cortisone.
Point important : il ne faut pas associer lors d’une même injection cortisone et acide hyaluronique. La cortisone a tendance à dénaturer l’AH et à le rendre moins efficace. Lorsque l’articulation est très inflammatoire il peut être nécessaire de réaliser une injection de cortisone au préalable mais la visco-supplémentation doit être alors différée de 3 semaines (durée d’action de la cortisone).